Il y a bientôt vingt ans, disparaissait Jean Tinguely, mécano farceur à la moustache de Gaulois, dont les «antimachines» s’animent tous les jours au musée qui porte son nom, à Bâle. Au bord du Rhin, ce musée extrêmement sympathique a hérité du fonds d’atelier légué par sa compagne, Niki de Saint Phalle. Pour l’occasion, il ouvre une exposition sur le fétichisme de la voiture (1).
Artiste cinétique dans l’âme, Tinguely était en effet un fou de bolides. Il ne faisait pas que fabriquer des chars improbables qu’il faisait défiler dans les rues. Il collectionnait les voitures de course et ne manquait pas un Grand Prix : toute sa vie, il a organisé son emploi du temps en fonction des courses de Formule 1. Dans la chambre à coucher de sa demeure, près de Fribourg, il avait installé une moto et une Lotus de F1. Il fut notamment très proche du grand pilote suisse Jo Siffert. Après sa mort, dans la Victory Race, en Angleterre en 1971, 50 000 personnes suivirent son enterrement à Fribourg. Dans l’exposition, qui se présente comme un jeu de pistes plutôt sinueux, on retrouve Robert Rauschenberg, autre ami de Tinguely, ainsi que les artistes qui ont traité de la voiture sous toutes ses formes, des photographies léchées de Richard Prince aux accidents d’Andy Warhol, au regard nettement plus découpant. Une vue de la bagnole massacrée de James Dean, dans laquelle le jeune beau gosse trouva la mort en 1955 ; un cliché très émouvant de Robert Frank : quatre campagnards, devant un corps entouré