Compter deux à trois heures pour découvrir la dernière exposition de Cy Twombly, disparu le 5 juillet dernier à 83 ans, sinon ça ne vaut pas la peine. Le temps est l'allié de l'art, et il est au cœur de cette expérience étrange qu'a tentée Cy Twombly, presque une folie : rassembler en un lieu (1) une partie de sa mémoire, le double figuré de son œuvre multiforme, une lecture publique à tiroirs ouverts. Comme une autobiographie de groupe dont il serait l'unique chef d'orchestre. Casse-gueule ? Très. Mais l'artiste américain, qui se rêvait «disc-jockey d'une saison» à Avignon, a réussi son pari : chapeau, maestro (lire page suivante).
Difficile de dire ce qui est le plus convaincant dans ce «Temps retrouvé». La pluralité des trente artistes élus par Twombly pour l’accompagner dans son voyage intérieur. L’accrochage malin des 350 œuvres dans le labyrinthe de la Collection Lambert, où l’on ne cesse de tourner à gauche, à droite. Ou l’impression immédiate, dès l’entrée dans l’exposition, que l’art procure une intense satisfaction ; une sorte de courant électrique qui, tout à coup, réveille le meilleur de vous-même. Aucune indignation, mais l’acceptation de l’autre. Rude école.
Parasols. Ça commence avec le Penseur, de Rodin, saisi par Victor Pannelier (vers 1882) et ça finit avec 120 Polaroids pris par Twombly lui-même. Il a préféré cette piste-là. D'abord montrer son choix dans l'histoire de l'art, ensuite son propre travail, non l'inve