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Libération
Critique

Des Suisses à l’Ouest

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Avec «Horizonville», le jeune photographe Yann Gross dépeint une communauté qui s’épanouit dans la mythologie du rêve américain.
Yann Gross, Martin Rohrer, Illarsaz, 2005. (Yann Gross)
publié le 30 août 2011 à 0h00
(mis à jour le 30 août 2011 à 18h11)

Yann Gross

aux Ateliers de mécaniques, dans le cadre des Rencontres internationales de la photographie, Arles (13). Jusqu’au 18 septembre.

L’image interpelle - comme on dit communément. Un homme, jeune, est allongé, le froc baissé. A califourchon sur lui, une blonde s’agite, juste vêtue de dessous noirs transparents. Autour, dans la pénombre, on discerne une assemblée hilare. D’une indéniable vulgarité, le cliché n’en témoigne pas moins du fait que tout le monde passe du bon temps - et qu’accessoirement, on n’est pas là pour juger. Aucun cartel ne figure à côté de la photo et il faut aller chercher dans un présentoir le descriptif de chaque image pour avoir le fin mot de l’histoire : il s’agit d’une sorte de divertissement, dans une boîte de nuit, qui consiste pour une femme experte à essayer de faire bander en un minimum de temps un concurrent qui, en retour, doit opposer une résistance aussi passive que coriace. En l’occurrence, la quéquette du garçon manque de vigueur (signe d’un triomphe paradoxal, par conséquent)… et contraste de la sorte avec la surreprésentation cette année à Arles de membres turgescents - notamment à quelques mètres, dans l’exposition «From Here On» située dans un atelier voisin (lire ci-contre).

Hédoniste. Le photographe qui a saisi le moment de détente susmentionné se nomme Yann Gross. Jeune (30 ans) Suisse à rouflaquettes, il figure au programme des Rencontres d'Arles dans le cadre de la 10e édition du prix Découverte qui «récompense un artiste dont le travail a été récemment découvert ou mérite de l'être sur le plan international». On le sait (le