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Critique

Les récits que Nona génère

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Continent. L’artiste aborigène, passeur de légendes, est exposé à Rochefort.
Mutura Goiga - Calm Time, 2007 (eau-forte). (Dennis Nona / AAPN - Collection Musée d'Art et d'Histoire, Rochefort)
publié le 1er septembre 2011 à 0h00
(mis à jour le 1er septembre 2011 à 10h15)

En général, lorsqu’on évoque l’art aborigène australien contemporain, on pense tout de suite à ces toiles de style pointilliste, peintes par des artistes femmes et hommes, la plupart du temps avec des cotons tiges. Lorsqu’on découvre les œuvres de Dennis Nona, on sent qu’elles appartiennent à la même culture, tout en se distinguant nettement des peintures dites du désert central.

Cosmogonie. La première grande différence vient justement d'une situation géographique tout autre. Loin des terres australiennes, Dennis Nona est né en 1973 sur l'île de Badu dans le Détroit de Torres, situé entre la Nouvelle-Guinée, au nord, et l'Australie, au sud.

En conséquence, les références culturelles et cultuelles dans lesquelles il a baigné en tant qu’insulaire, sont assez éloignées de celles des autochtones du continent. Or, lorsqu’on sait l’importance de la cosmogonie, de la référence constante aux récits des ancêtres et au monde des esprits qui caractérisent la culture aborigène, on comprend l’attachement de Nona aux légendes mais à celles, naturelles pour lui, de son archipel et de l’univers marin.

On ne trouvera donc pas ici les mêmes héros et mythes fondateurs racontant l’origine de l’organisation du monde. Ni même de «Jukurrpa», ce fameux «Temps des rêves» propre aux communautés de Papunya, Alice Springs ou Yuendumu, avec le «Rêve de la fourmi à miel» ou le «Rêve du kangourou à Marnpi».

Dentelles. En revanche, ses œuvres évoquent les courants, les «vague