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Libération
Reportage

La réplique de Yoko Ono

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Invitée à la Triennale de Yokohama et au Moca de Hiroshima, l’artiste a manifesté son soutien à ses compatriotes, en détresse après la catastrophe de Fukushima.
Yoko Ono. Photo datant de septembre 2010. (REUTERS)
publié le 3 septembre 2011 à 0h00

«Vous n'êtes pas des victimes ! Le Japon n'est pas une victime !» A 78 ans, Yoko Ono tient la tribune avec allure. Plutôt habituée aux propos laconiques, début août à Tokyo, elle s'est prêtée pendant deux heures et demie à une conférence et un débat assez intense avec de jeunes artistes, mais aussi des rescapés de Hiroshima, de Nagasaki ou de Fukushima.

Lunettes noires, tailleur anthracite, décolleté avantageux et un canotier blanc penché un peu canaille, elle répondait à l’invitation de la Fondation Mori, à l’occasion d’une tournée qui devait aussi la conduire à Hiroshima et dans le nord, dévasté par le tsunami du 11 mars. Sujet de la conférence : que peut l’art face à la catastrophe ?

Au même moment, la presse annonçait que la radioactivité à la centrale de Fukushima, dépassant la dose létale des 10 sieverts par heure, approchait le niveau de contamination atteint à Hiroshima, à 700 mètres du point d'impact de la bombe atomique. Devant la commission parlementaire japonaise, le Pr Tatsuhiko Kodama, responsable du centre national de la radioactivité, précisait que les réacteurs de la centrale avaient relâché trente fois plus de matière nucléaire que la bombe A. En 1945, elle avait causé la mort de 140 000 personnes à Hiroshima et de 75 000 à Nagasaki. Le nombre de victimes des irradiations depuis mars reste encore inconnu… Les fantômes planent au Japon.

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