La onzième Biennale de Lyon est un bon cru, dont l'étrange perplexité est tout entière contenue dans le vers de Yeats («Une terrible beauté est née») qui sert de titre, sinon de grille de lecture, aux quatre expositions réunies jusqu'au 31 décembre à la fois à la Sucrière, à la Fondation Bullukian, au musée d'Art contemporain (MAC) et à l'Usine Tase à Vaulx-en-Velin - suivant un ordre de parcours qu'il est conseillé de respecter si l'on veut sortir enrichi de la vision, en plus d'avoir croisé soixante-dix-huit artistes.
Macaque. Beaucoup sont venus d'Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Mexique), sans transformer pour autant Lyon en vitrine hispanique. Tout simplement parce que, comme elle le dit, la commissaire Victoria Noorthoorn est arrivée de Buenos Aires «avec ses valises» (lire page suivante), et, dans ces valises, de l'inquiétude, du doute. A cet état étrange, l'hémisphère Sud n'en finit pas d'apporter des réponses sans apitoiement, lui préférant un imaginaire en action.
C'est pourtant un Irlandais, ce bon vieux Beckett, qui ouvre le bal par un effroi de quelques secondes, nommé Breath : la plus petite pièce de théâtre du monde, quelques secondes à peine, un souffle entendu sur un parterre d'ordures que balaie une lumière rasante, laissant le spectateur plus désemparé que perplexe. Plein de cette stupéfaction dont Beckett nous fait les héritiers, on vient heurter une grande maquette de paysage nocturne : le Silence des sirè