Sunset boulevard, une heure du matin, un samedi soir. L'endroit est planté au beau milieu du Strip, dans le zigzag qui sépare le Roxy Club du Viper Room, deux institutions de la nuit à L. A. Une enseigne Mark Mahoney's Shamrock Tattoo. En devanture, un néon en forme de trèfle rappelle les origines irlandaises du propriétaire. à l'intérieur, le bruit de l'aiguille sur la peau. Des employés discutent, clope au bec, ce qui serait inimaginable partout ailleurs à L. A. On nous indique l'atelier de maître Mahoney au fond de la boutique. Un grand type, élégant – sourire franc et poignée de main chaleureuse – nous accueille d'un «Comment ça va "brother" ?».
Cheveux gominés, bottes de cuir et chemise blanche, l'homme semble tout droit sorti de Grease. «Vous savez, je suis un authentique "greaser"», explique-t-il en vous fixant de ses yeux bleus perçants, comme s'il pouvait scanner vos pensées. Le terme désignait dans les «fifties» ces jeunes rebelles américains issus de la «working-class», en référence à leurs cheveux gominés («grease»). Immortalisés par John Travolta, les «greasers» sont retournés ensuite dans les oubliettes de l'Histoire. Mark, pourtant, n'a rien oublié. Il aime toujours les vieilles bagnoles de course, les «rockabillies» (Gene Vincent, Buddy Holly, Little Richard). Et continue à se méfier de l'«establishment».
Une éducation religieuse
De son enfance, il évoque la morosité d'une banlieue pauvre de Bost