C’est la première rétrospective en France de Diane Arbus (1923-1971). Lui consacrer une exposition, c’est fatalement se confronter à la question de sa notoriété. Qui ne connaît cette New-Yorkaise et ses clichés voués à la révélation d’une Amérique amochée, où la réalité est souvent monstre ? Cette Américaine qui n’a cessé, jusqu’à son suicide (lequel a contribué à sa légende), d’explorer les mystères de la banalité.
D’elle, on connaît surtout les jumelles aux collants blancs, l’homme aux bigoudis et, comme une synthèse de son style, un gosse malingre protopunk jouant dans Central Park en 1962, une grenade en plastique à la main. Les 200 photos sélectionnées par le Jeu de paume font écho, en partie, à cette célébrité. Impossible de négocier avec le plaisir de retrouver, non seulement ses fameux portraits, mais aussi de faire connaissance avec des raretés, voire des inédits.
«Polisson». Sauf contre-ordre, on n'avait jamais vu Marcel Duchamp et sa femme tout en tendresse ; l'adolescente à la bulle de savon ; le couple sur une jetée, lui transistor sur le ventre, elle fixant l'objectif ; Mae West en Californie, sidérante de naturel ; ni deux fois Norman Mailer, l'une où il est fier de son entrejambe, l'autre, plus aimable ; les sœurs Lilian et Dorothy Gish en fourrure dans la neige, etc. Qui plus est, la revoyure des icônes n'empêche pas de les découvrir, appliquant à la lettre un des préceptes de la diva des marginaux : «Une photographie est un secret sur un