Naître à Dresde en 1932 d’un père nazi. Devenir un artiste en Allemagne de l’Est. S’échapper du communisme en 1961. Monter dans un avion à destination de New York le matin même du 11 septembre 2001… La vie de Gerhard Richter, qui n’est pas terminée, est une suite d’événements historiques, assemblés sans autre logique que leur caractère extraordinaire. Son œuvre en est le reflet, dans une profusion souvent contradictoire de thèmes, techniques et supports.
Aplats mouvants. Depuis ses débuts dans les années 50, Richter explore simultanément de multiples pistes, alternant entre abstraction et figuration. Comme s'il ne savait pas lui-même de quoi son lendemain artistique serait fait, il laisse le chaos de la vie guider son inspiration. La Tate Modern de Londres lui consacre jusqu'au 8 janvier une rétrospective - qui viendra l'année prochaine à Paris (lire ci-dessous) - la première d'importance depuis celle du MoMa en 2002. Chacune des treize salles pourrait être l'exposition d'un artiste différent. En enfilade, c'est un parcours de près de soixante ans, marqué par l'histoire.
Après la Seconde Guerre mondiale, Richter s'aventure dans la mémoire, la sienne et celle de l'Allemagne. Dans les années 60, il peint côte à côte son oncle Rudi en uniforme nazi, sa tante Marianne, handicapée sacrifiée au nom de la race aryenne, et Herr Heyde, le médecin qui a conçu le programme d'eugénisme. A la même époque, il avance dans d'immenses et mouvants aplats gris (Grey