Menu
Libération
Critique

Martin Szekely, l’objet au plus juste

Article réservé aux abonnés
Design. Le centre Pompidou illustre la démarche de l’artiste qui s’est engagé à «Ne plus dessiner».
"Etagères T5" en aluminium, humble support au service des livres. (Fabrice Gousset)
publié le 28 octobre 2011 à 0h00
(mis à jour le 28 octobre 2011 à 11h54)

Quand Martin Szekely a décidé de ne plus dessiner, en 1996, on ne l'a pas vraiment cru. Comment ce designer, auteur de la chaise noire Pi (1983) à la forme sculpturale si narrative, pouvait-il proposer un tel tour de passe-passe ? Il donne immédiatement des preuves de cette attitude avec le verre Perrier, humble contenant, pendant évasé de la ronde bouteille (1996), et l'Armoire (1997), un simple pliage en Alucobond.

«Retrait».En 2011, force est de constater qu'avec l'expo qu'il présente au centre Pompidou, justement nommée «Ne plus dessiner», il a tenu cette règle pendant quinze ans. Ce n'était ni une provocation ni un renoncement, mais «un engagement». Pour «signifier un retrait face à l'emballement de la consommation effrénée des biens et des signes, et, plus profondément, un refus affirmé de mettre en avant son moi et sa propre subjectivité comme moteur de création», explique Françoise Guichon, conservatrice du département design au centre Pompidou.

Dans la calme galerie de Beaubourg, deux salles jumelles capturent immédiatement le visiteur. Ce diptyque spatial impose le silence. Des formes économes se lisent au rythme des textes haïku qui les accompagnent. Pourquoi cet effet «respect» devant tables, étagères ou rangements ? Etranges, ces pièces apparaissent d'abord comme «moins» que des meubles. Szekely procède par soustraction. Les élémentaires bibliothèques Shelves (2009) ou Etagères T (2005) s'effacent, humb