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Libération
Interview

«L’échec des autorités est retentissant»

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Harcelé par Pékin, l’artiste Ai Weiwei fait part de la mobilisation en sa faveur :
Ai Weiwei, en juin. (REUTERS)
publié le 9 novembre 2011 à 0h00

Persécuté par les autorités chinoises qui cherchent à le faire taire, le célèbre artiste prodémocrate Ai Weiwei est parvenu à opérer un extraordinaire retournement de situation en sa faveur. Détenu dans un lieu secret pendant quatre-vingt-un jours en avril, il a été relâché cet été pour se voir, fin octobre, infliger une amende du fisc équivalent à 1,7 million d’euros.

En guise de protestation, des milliers de Chinois se sont spontanément mobilisés pour lui faire parvenir de l'argent, certains allant jusqu'à envoyer des billets de 100 yuans (8,5 euros) pliés comme des petits avions par-dessus l'enceinte de son atelier de la banlieue nord-est de Pékin. Au dernier décompte, en l'espace d'une semaine, plus de 20 000 personnes ont versé 705 000 euros, le plus souvent via Internet, au célèbre concepteur du stade olympique en «nid d'hirondelle» - aujourd'hui devenu un porte-drapeau du mouvement démocratique chinois. «Comme en Chine on n'a pas d'élections libres, c'est pour moi un moyen de m'exprimer contre la politique autocratique du gouvernement», explique Ru Zhikun, un cinéaste qui, comme une dizaine d'autres personnes, s'est rendu hier à l'atelier de Ai Weiwei pour déposer son écot, l'équivalent de 100 euros.

A côté de lui, attendant un reçu que rédige une secrétaire de l'artiste, Liu Zheng, un homme d'affaires remet trois grosses liasses de billets. «Le mouvement démocratique, dit-il, a commencé avec le mur de la démocratie en 1979 et lutte inlassablement