Que fait cet évêque, seul sur un parking, la nuit tombée ? Ces hommes à vélos, échoués au cœur d'une ville fantôme ? Cette femme et cet homme, qui semblent ne pas se voir, au milieu d'une carrière désaffectée, déserte ? Ces deux petites filles aux larges chapeaux ? Ou encore cette femme qui marche, seule, le long d'une route ? On ne sait pas ce que font ces personnages, immobiles, dans ces villes ou ces campagnes, égarés au milieu de nulle part, seulement éclairés par une «obscure clarté», selon le mot de Mallarmé. Ils semblent venir d'un autre temps, d'un autre monde, «ils reviennent dans les photographies comme des revenants», souligne Véronique Mauron, historienne d'art, dans le catalogue.
Pour créer cette atmosphère si particulière, mystérieuse voire onirique, Nicolas Dhervillers récupère des photos d'archives ou sur internet. Le photographe les assemble ou les recompose ensuite avec ses propres clichés. En regardant son travail, on s'aperçoit que quelque chose cloche, que dans le cadrage, «l'espace n'est pas cohérent, il y a d'étranges disjonctions entre le ciel et la terre, comme un renversement, un décalage», note Christophe Cesbron, dans le texte de présentation. Cela provient du déplacement des personnages, issus du passé. Car de ce travail (1) sur la mémoire, My sentimental archives, il fait (re)surgir des histoires, des vies, qu'il arrache à l'oubli.
Nicolas Dhervillers est né en 1981, il vit et travaille à Paris. D