Entrer dans le monde dessiné de Julien Tiberi passe par différentes portes, qui sont autant de chausse-trappes, de mises en abîme. Ses jeux de références, du cinéma d'animation expérimental aux caricatures du XVIIIe siècle, cet artiste marseillais les retraite, les superpose pour en extraire des visions très contemporaines. Une démarche qui se lit dans sa dernière exposition, à la galerie Semiose.
Au plus loin, ce sont des tableaux noirs – et blancs – qui surgissent. La série El astro de la suela (L'astre de la semelle, 2011) prend racine à la frontière mexicaine, à Tijuana. Ce sont des paysages sombres, mais irradiés de flash de lumière. Dans ces no man's lands chaotiques, on imagine les fantômes de migrants mexicains. Tiberi, né en 1979, adopte la technique du grattage d'une couche de peinture noire sur plaque d'Isorel «comme s'il grattait l'émulsion d'un ruban cinématographique», explique le critique Marc Bembekoff. Il s'inspire aussi des Tijuana Bibles, bandes dessinées érotiques de huit pages qui étaient produites au Mexique avant de circuler aux Etats-Unis pendent la Grande Dépression. Voici une première lecture à trois bandes.
Au plus près, la série Salon (photo ci-dessus) réactive la manière des illustrateurs de la fin du XIXe siècle, évoquant les railleries du mouvement des Arts Incohérents. Y cohabitent des silhouettes d'hommes en habit et hauts-de-forme, des mots d'argot (arsouille), d