«Les hommes, ce seraient d'abord ces vivants qui se sont donné le mot pour parler d'une seule voix de l'animal et pour désigner en lui celui qui seul serait resté sans réponse, sans mot pour répondre.» C'est avec cette citation de Derrida que la philosophe Elisabeth de Fontenay lançait vendredi la nouvelle édition du festival Hors Pistes au centre Pompidou.Le Silence des bêtes, titre de son ouvrage majeur, est aussi celui de l'exposition présentée au Forum -1, qui s'est donnée pour objectif de «faire entendre la voix mystérieuse de l'animal». Ou plutôt les voix mystérieuses des animaux, avec ce pluriel cher à Derrida.
De fait, c'est une ménagerie cacophonique qui accueille le public avec ses chats perchés sur des claviers interprétant Trois Pièces pour piano, de Schönberg. Le film de Cory Arcangel est composé d'un collage de 170 vidéos de «chats mignons» (un genre en soi sur YouTube) gambadant sur les touches, montées de telle sorte qu'elles reproduisent (ou du moins évoquent) ces premières œuvres de la musique atonale.
Chaman. Sous l'œil des félins se faufilant entre les jambes des petits visiteurs affolés, c'est une foule de rats projetés au sol, qui se poursuivent dans les labyrinthes virtuels de l'installation de Peter Kogler, motifs abstraits d'un tableau en perpétuelle recomposition. Au son du tambourin, Loup blanc, chaman aux plumes technicolor, réveille la bête qui sommeille en nous. Dans le clip psychédélique d'Alai