Le néon fait mal aux yeux. Il happe la rétine par à coups, selon l'endroit où le regard se pose, émiettant l'œuvre au hasard de nos pépiements oculaires. C'est le cas pour Art (1994), de Maurizio Nannucci, grande sculpture plate présentée à la Maison rouge jusqu'au 20 mai, les trois lettres du mot géométriquement enlacées, qui se défigure et reconfigure à mesure qu'on cligne, un peu comme les enfants aiment s'éblouir pour gober les étoiles. Un suicide ophtalmique est d'ailleurs possible en fin de parcours grâce à Lightbox (2007), d'Andrea Nacciarriti : une boîte de bois blindée de tubes surpuissants liés en fagot.
Présence. Le néon clignote aussi, en principe. Mais pas beaucoup dans cette exposition. Un jeune barbichu s'émerveille dans le couloir d'entrée : «C'est Godard !» De fait le néon est daté. Années 50 à 70. Un truc de cuisine pour grand-mère, d'avant l'ère du coconnage, quand l'homo modernus ne pensait qu'à transformer sa maison en usine à loisirs. On pense à Playtime, de Tati. Fluorescence positiviste victime d'ironie. Et puis, donc, Godard : slogans, mots, phrases qui prennent sens ou le perdent quand on éteint et allume des mots, des lettres. Propagande. None Sing, Neon Sign écrivait en lettre de néon (forcément) Bruce Nauman en 1970.
Pour l'amateur d'art, le néon rappelle parfois des souvenirs secs. Parmi les premières références qui viennent en tête : Mario Merz avec sa suite de Fibonacci en né