«Pourquoi t'as fait un spectacle aussi bizarre ?» Etre assis au milieu d'enfants âgés de 6 à 9 ans permet de se poser tout de suite les bonnes questions. On est à la Gaîté lyrique, dans le cadre de la programmation «Capitaine Futur», destinée aux mômes. Bizarre, on ne sait pas, mais le titre à rallonge du spectacle de Virginie Yassef, Ils traversèrent les pistes sur des morceaux de tissu pour ne pas laisser de traces, fait office de trame narrative pour trente minutes d'aventure entre science-fiction, jungle et western.
Fan de Buster Keaton, la plasticienne, familière des installations ludiques, entretient un rapport particulier avec le burlesque. Débarqué sur une planète imaginaire, un enfant découvre des objets-symboles au rythme des faisceaux de lumière : une météorite, une liane fluo et bruyante, une obsidienne en lévitation… Au centre de la scène, un aigle mystérieux est à la fois témoin et acteur de la pièce. «Je voulais que mon monde mystérieux se regarde à travers un autre, celui de la magie close-up», explique Virginie Yassef. Dans son univers, le magique et le réel se rejoignent parfois : à force de représentations, l'aigle s'est comme «dressé tout seul» - il renverse la tête et lisse ses plumes dès qu'il entend la pluie de la bande-son hypnotisante composée par David Fenech. Dans ce western fantastique, l'enfant-explorateur va finalement changer de rôle et devenir magicien. Rapidement, les câbles et le «trucagiste» sont repérés,