Lorsqu’il a commencé à enregistrer ses chansons au début des années 80, Daniel Johnston leur a tout de suite accolé des dessins réalisés avec la même urgence. Ces crayonnés accompagnaient les premières cassettes audio qu’il offrait à qui voulait. Depuis, le monde a découvert la musique de cet artiste américain hors champ, âgé de 51 ans, maniaco-dépressif vrillé au LSD et condamné à vivre dans son adolescence. Sa discographie est aujourd’hui appréciée pour son talent brut et touchant, mais son œuvre graphique a longtemps paru secondaire.
Névroses. Ces dernières années, quelques galeries américaines et européennes ont toutefois commencé à y voir autre chose que des délires d'enfant inquiétant. Depuis le début du mois, c'est le Lieu unique, à Nantes, qui accueille Welcome to My World, la plus importante exposition consacrée aux dessins et peintures de Daniel Johnston à ce jour. «Ça m'étonne de voir que des gens essaient d'interpréter mes dessins, s'amusait ce dernier au lendemain du vernissage, la clope au bec et une éternelle canette de soda à la main. La plupart du temps je ne réfléchis pas, je ne fais que dessiner.» C'est justement de ce rapport distant à ses créations que sont partis les organisateurs de l'exposition. «Daniel a une façon très personnelle de réinterprêter la culture populaire qui l'entoure, explique Patrick Gyger, directeur du Lieu unique. Le but de l'exposition est de présenter cette œuvre dans son évo