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Critique

Daniel Johnston, trait barré

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Arts . A Nantes, le Lieu unique consacre la première grande rétrospective des dessins tourmentés du musicien maniaco-dépressif. Une lutte sans fin entre le bien et le mal qui habite cette figure culte de la scène américaine.
Dessin de Daniel Johnston. (Courtesy Arts Factory (Galerie Nomade))
publié le 15 avril 2012 à 20h06
(mis à jour le 16 avril 2012 à 11h12)

Lorsqu’il a commencé à enregistrer ses chansons au début des années 80, Daniel Johnston leur a tout de suite accolé des dessins réalisés avec la même urgence. Ces crayonnés accompagnaient les premières cassettes audio qu’il offrait à qui voulait. Depuis, le monde a découvert la musique de cet artiste américain hors champ, âgé de 51 ans, maniaco-dépressif vrillé au LSD et condamné à vivre dans son adolescence. Sa discographie est aujourd’hui appréciée pour son talent brut et touchant, mais son œuvre graphique a longtemps paru secondaire.

Névroses. Ces dernières années, quelques galeries américaines et européennes ont toutefois commencé à y voir autre chose que des délires d'enfant inquiétant. Depuis le début du mois, c'est le Lieu unique, à Nantes, qui accueille Welcome to My World, la plus importante exposition consacrée aux dessins et peintures de Daniel Johnston à ce jour. «Ça m'étonne de voir que des gens essaient d'interpréter mes dessins, s'amusait ce dernier au lendemain du vernissage, la clope au bec et une éternelle canette de soda à la main. La plupart du temps je ne réfléchis pas, je ne fais que dessiner.» C'est justement de ce rapport distant à ses créations que sont partis les organisateurs de l'exposition. «Daniel a une façon très personnelle de réinterprêter la culture populaire qui l'entoure, explique Patrick Gyger, directeur du Lieu unique. Le but de l'exposition est de présenter cette œuvre dans son évo