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Libération
Critique

Helmut Newton, hors d’œuvre

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Fétiche . Huit ans après la mort de l’artiste, le Grand Palais présente une rétrospective sur 700 m2, avec plus de 240 clichés rendant hommage au travail du photographe et à ses obsessions.
publié le 22 avril 2012 à 19h07
(mis à jour le 3 mai 2012 à 11h50)

Et revoici Helmut Newton (1920-2004), le chéri de ces dames, installé tel un coq en pâte au Grand Palais, à Paris, dans un nid de couleurs suaves, limite Marie-Antoinette. Un côté midinette qui surprend, tant le «Dr Fantasme», comme se définissait lui-même Newton, ne faisait pas dans la dentelle. D'où les attaques assidues des ami(e)s des droits de la femme, irrité(e)s par ces visions de bêtes curieuses, exhibées comme à la foire, face au grand méchant loup de la photographie. Qui, jusqu'à aujourd'hui, malgré une ribambelle de copieurs, n'a pas été dépassé : Helmut sera toujours Newton.

Délire/délices. Huit ans après sa mort (crise cardiaque) à Hollywood, à bord de sa Cadillac, son esthétique n'a pas vieilli, elle est intacte. Elle déconcerte par sa richesse. Au sens littéral, puisque ses obsessions s'épanouissaient dans un luxe certain, même s'il ne cessa de mettre en scène la réalité du monde, en partie telle qu'il l'imaginait. Certes, loin des bidonvilles, mais dans une fantaisie extraordinaire et un antipuritanisme revendiqué, bien plus fort que le concept idiot de «porno chic» qui lui fut accolé. Il n'hésita pas à reconstituer la brutalité des paparazzi, ou du pouvoir mâle, la lisière sordide du voyeurisme, la flamboyance bornée des corps, l'érotisme de l'argent, les faux-semblants du sexe, et l'absolue vanité de la mode, son gagne-pain. Ne pas oublier qu'il fut, longtemps, l'un des rois des magazines de mode, Vogue (vingt-sept ans),