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Libération

«Il y a peut-être une sorte de vieille provocation punk dans mon travail»

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Rencontre avec l’artiste dans son atelier du XXe arrondissement, à Paris :
Tampon traçabilité (Vincent Sardon)
publié le 25 avril 2012 à 21h16
(mis à jour le 26 avril 2012 à 12h25)

Sardon reçoit dans son atelier rue du Repos, le long du Père-Lachaise, adresse idoine. «Les gens du coin disent que l'on devient fou au bout de trois ans à côté du cimetière, raconte-t-il. Moi, ça va, ça ne fait que deux ans que j'habite ici.»

Vous écrivez que «la vérité» c’est que vous ne savez pas pourquoi vous faites des tampons.

Non. Le premier tampon, c’était en 1993, je sortais de la fac, j’étais jeune dessinateur. Le tampon permet de faire des multiples, ce qui m’intéressait. C’est devenu «industriel» lorsque j’ai trouvé une machine qui permet de faire des séries, il y a six ans. J’ai créé un blog, commencé à vendre des tampons directement aux gens.

Pourquoi les avoir rassemblés dans un ouvrage classique, chez un éditeur de BD ?

Je ne voulais pas particulièrement faire un livre, parce que c'est très contraint. Mais Menu [l'ancien directeur de l'Association, jusqu'en 2011, ndlr] a vu ce travail et a insisté. Après, ça a été très long pour trouver une forme tenant la route. Je suis d'abord parti sur des fictions. J'ai tenté de raconter une histoire avec des tampons, car j'avais encore les automatismes de la BD. Ensuite je me suis rendu compte que c'était une impasse complète et que la seule histoire que je pouvais raconter, c'était celle de mon travail.

Comment définir ce travail ? De l’art, du jeu, de la communication-guérilla ?

Au départ c'était une soupape de sécurité par rapport à mon boulot de pigiste dessinateur, pour Libé notamment. C'était extrêmement frustrant artistiquement et mon travail personnel s'est développé pour garder l'équilibre mental. Maintenant, définir ce boulot… Oui, c'est de l'art, je pense, puisqu'il est exposé dans des galeries. Je suis un peu mal à l'aise