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Libération

Le visage sensible des ZUS

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Une installation vidéo et un spectacle fusionnent à la Cartoucherie. Deux regards, de l'intérieur, sur les cités et leurs habitants.
"Illuminations" mêle les récits de trois générations jusqu'à celle des "minorités visibles"
publié le 16 mai 2012 à 12h29

Pose de bad boy, regard frondeur et frontal. Tension des visages silencieux, filmés au ralenti. Et puis soudain, l'éclat de rire. On ne sait qui ils sont, ni d'où ils viennent, mais on a presque l'impression de les connaître. Un sentiment qui contraste avec la dramatisation sonore enveloppant l'installation de Nicolas Clauss. Ses Terres arbitraires, ce sont les 751 Zones Urbaines Sensibles (ZUS) répertoriées par l'Etat, dont les noms parfois exotiques s'affichent aléatoirement sur les 29 écrans. C'est aussi une référence à une citation d'Aimé Césaire, souvent «croisé» par l'artiste dans les caves, les studios de répétition des quartiers – il en connaît quelques-uns.

Dans le théâtre de l'Epée de bois, à la Cartoucherie, il dessine son
portrait mouvant des «jeunes de banlieue». «J'éprouve une fascination pour ces mecs-là, reconnaît le vidéaste. Peut-être parce que ce sont ceux qui sont censés faire le plus peur, ceux qu'on accepte le moins

Déjà exposée à Mantes-la-Jolie, à la Friche de la Belle de mai à Marseille, ou à la Condition publique à Roubaix, l’installation évolue. Avec un même principe: à chaque image correspond une partition sonore, un brouhaha médiatique collecté dans les archives de l’INA depuis les années 1960, du temps de la construction des tours. Le résultat est une masse visuelle et sonore qui oscille entre dénonciation et analyse sociologique. Avec un mélange plutôt réussi de formules tristement célèbres («le