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Critique

Photomed, la mue marocaine.

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Méditerranée . La deuxième édition du festival varois met l’accent avec pertinence sur la création contemporaine.
Nermine Hammam (Nermine Hammam)
publié le 29 mai 2012 à 21h36

Résolument autoparodique, le Front national a devancé de quelques jours l'ouverture officielle de la seconde édition varoise du festival Photomed, mercredi dernier à Sanary-sur-Mer. Dans un communiqué, son représentant local, Frédéric Boccaletti, a défouraillé : «Les affiches et banderoles informant de cet événement ne laisse [sic] aucun doute et utilisent la photographie d'une femme portant djellaba et tchador […]». Décelant là une «promotion de l'islam» menaçant les «paisibles communes de Sanary et Bandol», la vigie concluait sa diatribe d'un spectaculaire trait d'esprit, précisant que les maires concernés «auraient été mieux inspirés de nommer leur festival "Photomaghreb"».

L'image stigmatisée montre une jeune fille, robe rouge et lunettes de soleil, et une femme portant voile et chapeau, les deux posant de face. Elle est signée par la Française Scarlett Coten qui, histoire de ne pas effaroucher ses sujets, a utilisé un appareil en plastique, le Holga, d'une valeur de 40 euros, pour «montrer l'évolution en cours de la société arabe, à la fois belle et souriante» - du moins quand elle s'adonne au farniente. Maroc évolution, le reportage résultant, observe les gens entre respect des traditions et velléités modernistes au bord de la mer, assis ou jouant au cerf-volant en plein cœur de l'été.

Sésame. Effectivement, la photographie de Scarlett Coten est visible partout dans Sanary-sur-Mer, où la signalétique