Un mort, des centaines de blessés, des bâtiments saccagés… Quelques jours après les violences qui ont secoué la Tunisie, les artistes restent sidérés : comment une exposition d'art contemporain a-t-elle pu déchaîner une telle colère ? C'est symbolique : tout est parti de La Marsa, fief de l'intelligentsia tunisoise, que ne cessent de pourfendre les islamistes radicaux. Comme tous les ans depuis 2003, le palais Abdellia abrite la manifestation le Printemps des arts. Sujets récurrents : l'identité, le rapport à la religion, des thèmes omniprésents dans le débat public ces derniers mois. Dans The Ring, de Faten Gaddès, des femmes voilées sont représentées sur des punching-balls. Celui qui n'a pas…, de Nadia Jelassi, plonge des bustes de femmes en tchador dans un cercle de galets. Un graffeur caricature un salafiste, les oreilles fulminantes.Couscous à l'agneau, de Mohamed ben Slama, figure une femme nue, un plat de couscous devant le pubis, des barbus en arrière-plan, etc.
Menaces. Au dernier jour de l'exposition, un huissier mandaté par une association salafiste vient constater ces «atteintes aux valeurs de la religion» et demande le décrochage des œuvres en question. Les artistes rameutent leurs soutiens : au retour de l'huissier, accompagné d'une poignée de barbus en fin d'après-midi, plusieurs centaines de personnes les dégagent sans ménagement. Dans la nuit, le palais Abdellia est investi, quelques tableaux lacérés. Sur