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Libération

Le Web bat la démesure

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L’artiste Albertine Meunier imagine des objets qui rendent palpables la vitesse et l’éclatement du réseau.
publié le 22 juin 2012 à 19h06
(mis à jour le 25 juin 2012 à 12h38)

Les tentatives artistiques pour donner forme au réseau se multiplient. Il y a les Marco Polo de la Toile, les explorateurs qui l'arpentent et consignent ce qui s'y passe comme Jon Rafman, Marco Cadioli ou Gwenola Wagon. Les topographes, comme Art of Failure qui tentent de lui donner un relief en suivant les pérégrinations on line d'un signal sonore d'un bout à l'autre de la Terre, ou encore les sismologues comme RYBN branchés sur les flux financiers virtuels pour retranscrire physiquement les ondes de choc.

Enfin, il y a les géomètres, à l'image d'Albertine Meunier qui tente de mesurer ce «nouveau monde» caractérisé justement par sa «dé-mesure». «Le monde réel est mesuré de long en large, du plus petit au plus grand, mais le monde numérique n'a pas de commune mesure avec notre corps. C'est l'une des raisons pour laquelle ce monde nous fascine et nous épuise tout à la fois», constate la Net artiste de formation scientifique, dans son mémoire de recherche intitulé «Un monde de paquets». Ce déboussolage provient d'après elle d'une rupture fondamentale. «La ligne qui est notre mode de pensée depuis toujours est totalement perturbée par le fonctionnement en paquets d'Internet, un mode éclaté qui se reconstitue instantanément», écrit-elle, faisant référence au protocole IP, et à la manière dont l'information est acheminée sur le Net. «Imaginez un saucisson qu'on coupe en