Installé dans l’ancienne brasserie de Dortmund, en Allemagne, le HMKV, éminent centre d’art média, propose une stimulante plongée dans l’histoire des technologies des deux côtés de l’ex-rideau de fer. Deux expositions monographiques en miroir révèlent des histoires et artefacts méconnus de l’âge de l’information.
Côté soviétique, c'est l'artiste Francis Hunger qui mène l'investigation (lire page suivante) et côté américain, Suzanne Treister.
Avec l’envoûtant et rhizomatique «HEXEN 2.0», l’artiste britannique, née en 1958, tente de tracer une vue d’ensemble de l’histoire des technologies de l’information pour mieux comprendre comment elles ont façonné la société contemporaine. Dans des diagrammes d’une incroyable densité, elle synthétise l’histoire d’Internet et celle de l’ordinateur - des premiers calculateurs comme la machine d’Anticythère aux extrapolations sur l’informatique quantique -, en montrant les relations complexes que ces technologies entretiennent avec le militaire, l’économie, la science, la contre-culture, la philosophie ou la science-fiction.
[ Le tarot selon Suzanne Treister ]
Utopique. Ses schémas érudits, qui font penser aux frontispices de tomes alchimiques, connectent des noms, des mouvements de pensée, des organisations dans des combinaisons inédites liant Adorno, Norbert Wiener, hippies, Google, Unabomber ou transhumanistes. On peut passer des heures à déchiffrer cette petite écriture serrée et obsessionnelle qui noircit les feuilles, hypnotisé par ce réseau enchev