Cousin germain de Le Corbusier, Louis Soutter (1871-1942), n'en est pas devenu pour autant un artiste reconnu, il fut même négligé pendant des décennies par les historiens de l'art. La Maison Rouge (1), à Paris, lui rend hommage, en présentant plus de 250 œuvres parmi les 3 000 qu'il a créées. Elle détaille toutes les phases du travail de l'artiste suisse, de ses premiers dessins académiques jusqu'aux dernières peintures, réalisées au doigt (peut-être à cause de l'arthrose), qui précèdent sa mort.
Cette rétrospective, la première depuis 1997 (2) dans la capitale, rappelle, s'il en était encore besoin, que Louis Soutter est un grand artiste, injustement méconnu, et que la critique a trop longtemps associé à l'art brut. Au contraire, le Vaudois a étudié l'architecture, la musique, le dessin, ce qui le distingue des critères définis par Jean Dubuffet. Comme le souligne, dans le catalogue Julie Borgeaud, commissaire de l'exposition, son œuvre est même «d'une grande modernité», ce qu'illustre le titre de l'exposition, «Louis Soutter, le tremblement de la modernité».
Louis Soutter meurt à 71 ans à l’asile de vieillards à Ballaigues, dans le Jura Vaudois, dans lequel il avait été placé - contre son gré - en 1923. C’est surtout durant ces vingt dernières de sa vie qu’il est très productif. Abandonnant le dessin académique, il va dessiner à l’encre, au crayon, à la plume, le plus souvent en noir, s