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Critique

Paysages à niveaux

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Photo. A Bruxelles, une exposition d’artistes européens explore l’intervention humaine dans la nature.
Carl de Keyzer «Blankenberge, Belgium». (Photo Carl De Keyzer)
publié le 3 septembre 2012 à 16h20
(mis à jour le 4 septembre 2012 à 10h37)

Et d’abord, c’est quoi un paysage? Sûrement pas une étendue naturelle d’arbres, de ciel et de fleurs. Un paysage est par définition admirable, c’est-à-dire qu’il n’existe que par le regard qu’on porte sur lui. Oscar Wilde s’en amusait quand il disait que ce n’est pas l’art qui imite la nature mais celle-ci qui imite l’art: «D’où vient, sinon de l’impressionnisme, que ces merveilleux brouillards bruns envahissent nos rues et embuent les lampadaires, transformant les maisons en ombres monstrueuses? Le changement extraordinaire qui s’est emparé du climat de Londres ces dix dernières années est entièrement dû à ce mouvement artistique.»

Convention. Un paysage, c'est donc toujours l'intervention de l'homme sur une friche, une certaine façon de regarder les oiseaux et les pierres pour les mettre en rapport. Ce qui explique que les peintres et les photographes qui prennent le paysage pour argent comptant, pour une donnée naturelle, ne peuvent que rater et produire des clichés de carte postale, s'éreintant à étaler sur la mer, les vallées ou tout autre site «pittoresque» les couleurs qu'ils croient convenables, sans voir la convention. Il y en a certains à «Sense of Place», exposition bluffante présentée au Palais Bozar de Bruxelles pour encore deux semaines, et qui se sous-titre «Photographie européenne de paysage». Mais à côté des rares croûtes, plein de valeurs superstars comme