Au deuxième étage de la Maison européenne de la photographie (MEP), une armada de femmes regardent les visiteurs droit dans les yeux en manquant d’éclater de rire. Elles sont brunes, pour la plupart, jeunes sans exception, saisies sur un bord de mer quelque part entre la France et l’Italie. Les clichés sont en noir et blanc, sauf quelques grands formats couleur accrochés aux cimaises comme des respirations.
«A la question paralysante que se posent beaucoup d'entre nous : "Que photographier ?" Nous répondons simplement : notre vie, les crêtes qui peuvent trancher l'horizon plat de l'existence. James Joyce appelait cela des épiphanies», affirmait Claude Nori dans le Manifeste photobiographique, cosigné avec Gilles Mora en 1984, dont un tirage original trône sous vitrine dans la première salle.
Plages. Moins lyriques, les puristes diront de cette partie de l'exposition «Claude Nori, éditeur et photographe», ouverte la semaine dernière à Paris, qu'elle ne vaut pas mieux qu'un album de vacances. On pourra tout de même déambuler dans les trois salles de cette section - où dialoguent livres et photographies, et qui recèlent de belles prises, telle cette créature nue dont le corps souple tranche sur les rochers escarpés des plages de Stromboli, issue de la série «les Etés italiens» -, avant de passer à la suite de la rétrospective, de l'autre côté du bâtiment.
De son premier amour pour le cinéma, Claude Nori a conservé la notion d'un langage visuel qu