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Critique

Les jeux de ciseaux d’Aube Elléouët

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Collages. Rencontre avec l’artiste qui, à 76 ans, présente une trentaine d’œuvres en galerie parisienne.
publié le 24 septembre 2012 à 19h36

Aube Elléouët expose tous les cinq ou six ans. La revoilà donc à Paris, dans la galerie surréaliste 1900-2000, avec trente collages réalisés ces dernières années. La nouvelle fournée est baptisée «Le jeu de l'aube à tire-d'aile», un titre léger, poétique, un peu cadavre exquis. Sur son gilet noir, un joli coquillage rond d'où émerge un fin personnage coloré attire l'œil instantanément. Un objet de sa façon, «j'en ai réalisé cinq dans ma vie», dit cette pétillante femme de 76 ans, en désignant l'image d'un autre dans une vitrine, son Hommage à Man Ray (2002), un violon sur deux jambes de femmes à escarpins rouges, exposé en Suède.

La créativité d'Aube Elléouët s'épanouit dans les collages depuis 1970. Une technique d'assemblage qui l'attirait par son côté ludique. «Comme Marx Ernst dans les années 20, j'ai commencé avec de vieilles gravures. Mais l'histoire des collages remonte au XVIIe siècle.» Une esthétique que l'on retrouve même aujourd'hui dans le Net art, pourrait-on renchérir.

Baigneuse. Mais la fille d'André Breton pratique le papier et les ciseaux avec des images, des cartes postales, de menus objets chinés dans des brocantes, comme aux puces de Montsoreau (Maine-et-Loire) sur les bords du fleuve dont on voit presque la douce lumière quand elle les décrit. Dans le Bain de minuit, des boutons de manchette jouent les étoiles au-dessus d'une mer bretonne où s'est incrustée la baigneuse d'Ingres. Des touches d