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Critique

Ryan Gander, leçon de choses

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Le Britannique investit le Palais de Tokyo avec ses œuvres en forme d’associations d’objets et d’idées.
Vue de l'exposition de Ryan Gander, "Esperluette", dans le cadre de la saison 'Imaginez l'Imaginaire", 28.09.12 - 07.01.13, Palais de Tokyo, Paris. Ryan Gander, Ampersand (détail de l'installation), 2012. (Photo : André Morin.)
publié le 7 octobre 2012 à 19h36
(mis à jour le 9 octobre 2012 à 19h41)

Ryan Gander, 36 ans, est de Londres, et ça s’entend. On ne l’a guère encore vu en France, même si la Villa Arson de Nice lui a consacré une monographie en 2009. A Paris, c’est la galerie GB Agency qui le représente.

On a beaucoup parlé de lui cet été, à la Documenta, parce qu'il avait investi le hall du Fridericianum d'un simple courant d'air. Un peu plus loin, à Berlin, à la Hamburger Bahnhof, on trouvait une figurine de l'artiste, autoportrait tombé de sa chaise roulante face à un petit cube bleu. Le titre : l'Œuvre d'art que personne ne connaît. Parfois, Ryan Gander en montre une image dans une conférence, et il ajoute : «Je ne vais pas en parler.»

Lubies. On compare souvent son travail à celui de Roman Ondák (1), à cause du décalage, de l'humour dans l'appropriation des lieux et des choses. Gander connaît bien l'univers de son aîné : il avoue même que son «estomac se tord de jalousie» face à certaines de ses œuvres. Ce qui est sûr, c'est que l'art (et/ou la vie) de Gander met en objets et en concepts les lubies de l'âme, les films qu'on se fait, en particulier dans notre rapport politique au monde. Par exemple, On n'a jamais eu beaucoup d'euros par ici (2010) est une pièce de 25 euros, suisse d'une part, et d'autre part supposément parvenue à nous depuis l'an 2037 (il y a eu de l'inflation). Ryan Gander est un peu le Buster Keaton des consolations ordinaires, mais qui réussirait à déjouer le ratage pour en faire des galé