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portrait

Tim Steiner, enchères et en os

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Tatoué par l’artiste Wim Delvoye, cet homme, au dos œuvre d’art, a été vendu en 2008 et se rêve en guide de lui-même.
Tim Steiner au Louvre. (DR)
publié le 8 octobre 2012 à 19h02
(mis à jour le 10 octobre 2012 à 11h47)

A chaque vernissage, il se dénude jusqu'à la taille. Puis il s'assoit sur un socle, dos au public, en attendant un visiteur qu'il ne verra jamais et qu'il ne veut pas entendre. Se protéger des remarques assassines et des blagues cruelles grâce à un bon vieux lecteur MP3 fait partie du rituel. Tim Steiner, régulièrement exposé dans des galeries et des musées, n'a jamais craqué publiquement. Mais à l'intérieur, dit-il, «c'est la tempête», tendance ouragan.

Il y a six ans, Wim Delvoye, savant fou belge, amateur de coups du siècle, l'a tatoué. Il a fait de son dos une œuvre d'art en le signant au-dessus de la fesse droite. Aucun intérêt a priori. Sa vente, elle, a fait grand bruit : 150 000 euros partagés en parts égales entre la galerie, l'artiste et le porteur. Le titre que Delvoye lui donne laisse croire que l'homme est l'œuvre : Tim, 2006.

Tim Steiner, Suisse de 36 ans au crâne rasé de M. Propre, vit depuis six ans dans un monde d’oisiveté surréaliste. Il partage son temps entre Zurich où il est baby-sitter occasionnel et les beaux quartiers de Londres où travaille sa fiancée, employée de la prestigieuse galerie Haunch of Venison.

La première fois qu’ils se rencontrent, Wim Delvoye montre à Tim Steiner une peau de cochon tatouée qui servira de modèle. L’artiste veut un dessin qui ne représente rien pour Steiner, à l’opposé de la démarche du tatoué lambda. Il tatoue une madone surmontée d’une tête de mort à la mexicaine, des chauves-so