Difficile d'échapper à l'ubiquiste volatile qui s'affiche sur les panneaux publicitaires parisiens. Un mignon petit aigle bleu barré d'un graffiti rose dégoulinant qui proclame «Hello H 5». Le sigle H 5 désigne le collectif de graphistes mondialement connu, auteur du court métrage iconoclaste Logorama, qui a raflé un oscar en 2010 et un césar en 2011. Réalisé par Ludovic Houplain, Hervé de Crécy et François Alaux, le film d'animation est exclusivement constitué de ces envahissants logos (plus de 2 000) dont on nous matraque à longueur de journée. Le mini-polar trépidant lance des policiers (bibendum Michelin) aux trousses d'un terroriste (Ronald McDonald) qui a kidnappé un enfant (Haribo), sur les routes bordées de palmiers (Malibu) de Los Angeles, jusqu'au cataclysme final. «Dans ce monde de marques, il ne se passe que des catastrophes mais la forme ronde et colorée des logos, ça rend le tout acceptable», concède Houplain, cofondateur de H 5, rencontré dans son QG, rue du Faubourg-Poissonnière, à Paris.
Depuis le 11 octobre, H 5 occupe les murs de la Gaîté lyrique avec «HelloTM», exposition autour d'une marque fictive qui prolonge dans l'espace physique cette réflexion critique sur le logo. Une constante dans le travail du groupe, qui ne manquera pas d'interloquer car, si H 5 se présente comme un «collectif de graphistes», c'est aussi une SARL au chiffre d'affaires de 2,4 millions d'euros dont les clients prestigieux se recrutent dans la