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Libération
Critique

Les grâces mâtinées d’Eija-Liisa Ahtila

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Vidéos . Les œuvres de l’artiste finlandaise, proches du théâtre par leur mise en scène, placent le spectateur entre le divin et la rédemption poétique.
"Horizontal", portrait couché et grandeur nature sur six écrans alignés. (John Berens, Marian Goodman Gallery, New-York. )
publié le 29 octobre 2012 à 22h26

Là où Ahtila passe, l’espoir ne trépasse pas. Au contraire. On avait amplement vu l’artiste finlandaise au Jeu de Paume, à Paris, en 2008 : vidéos occupant trois ou quatre murs, en enfilade ou en rotonde, vous êtes au centre de l’action - poétique.

Eija-Liisa Ahtila ne joue pas du décalage dans ses vidéos, ne travaille guère l'espace ni le temps, si bien que son travail serait encore plus proche du théâtre que du cinéma, et plus près de celui-ci que de l'art vidéo. Dans l'Annonciation (2010) ou bien Où est où (2008), par exemple, chaque écran représente un mur des lieux où se déroulent les scènes, les personnages passant d'un cadre à l'autre quand ils évoluent, comme entre les deux écrans d'un même ordinateur. Les protagonistes face à vous, et le portemanteau qu'ils voient, dans votre dos.

Rédemption. Un spectateur torve peut cependant choisir de se retourner et se poser à l'envers, délaisser la «scène» et regarder le portemanteau. Un peu plus pervers encore, il découvrira que chaque image est susceptible de faire l'objet d'un régime différent d'appréhension, tantôt documentaire d'acteurs, tantôt fiction, tantôt regard impassible offert à sa subjectivité pour s'introduire dans le récit.

Chaque œuvre ou presque d'Ahtila raconte une rédemption (on finit régulièrement par chanter ou s'envoler), même si l'intrigue fleure bon la grâce divine en plein yo-yo, comme si Bergman, ayant résolu pas mal de questions au lieu de les poser, avait invité Kati