La France entière a entendu parler de Carmignac Gestion depuis que la plus grande société indépendante de gestions d'actifs en Europe s'est payé à prix d'or, le 29 octobre au théâtre Mogador, le concert très privé d'un orchestre anglais de sexagénaires toujours aussi verts que vénaux. Une «aimable sauterie entre grands financiers et banquiers» - comme dirait une observatrice avisée de l'industrie musicale -, qui a eu plus d'écho que le prix de la fondation Carmignac, autre corde pourtant bien plus crédible, malgré deux impairs (lire ci-contre) à l'arc artistique de la maison.
Tyran. Celui-ci consiste à financer à hauteur de 50 000 euros «un reportage sur un thème donné, en prise directe avec l'actualité», qui «interroge le réel avec sensibilité, refuse de verser dans la caricature et la tyrannie de l'instantanéité». A chaque fois, on soumet aux photoreporters candidats une zone géographique précise. Après Gaza (2009) et le Pachtounistan (2010), place au Zimbabwe, ancienne colonie britannique de 13 millions d'habitants que le tyran Robert Mugabe a mise sur le flanc en quelques années. Désormais dirigé par un gouvernement de coalition, le pays (où l'on trouve des mine d'or, de cuivre, de diamant…) va moins mal : l'espérance de vie y est remontée à 39 ans, seuls deux enfants sur dix meurent avant l'âge de 5 ans, et le taux d'infection au VIH n'est plus que de 15% !
Rompu aux terrains accidentés (il exposait, au dernier festival