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Critique

Raphaël dans la ville éternelle

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Renaissance. Le Louvre consacre une exposition aux sept dernières années que vécut à Rome l’artiste italien. Une fin de vie marquée par un succès tel que le maître dut déléguer à ses disciples.
«Autoportrait avec Giulio Romano» de Raphaël (1519-1520) (Photo Gérard Blot RMN ( Musée du Louvre))
publié le 12 novembre 2012 à 19h06

La terre a tremblé à Rome le jour du décès de Raphaël, à 33 ans, au même âge que le Christ : ainsi le voulait la légende. Né un vendredi saint, le 28 mars 1483, le peintre est mort un vendredi saint, à Pâques de l’année 1520. Il avait donc tout juste 37 ans, mais le mythe est à la hauteur de sa réputation.

Après le Prado, à Madrid, le Louvre consacre une exposition aux dernières années de cette mortelle divinité. Natif des Marches, ayant assimilé les leçons du Pérugin et la filiation du Verrocchio, s’étant frotté à Léonard de Vinci, Michel-Ange et Fra Bartolomeo à Florence, Raffaello Sanzio était doté d’une remarquable capacité de synthèse. Arrivé à Rome à 25 ans, en 1508, il conquiert d’emblée les papes Jules II puis Léon X, au point de supplanter tous ses rivaux dans la décoration de leurs appartements et salons d’honneur (1).

Confrontation. A sa clientèle, il offre une variété de Vierges émouvantes au bébé très animé. Il s'écarte alors de la stricte symétrie du modèle toscan pour donner une profondeur dynamique à ses scènes, rendant même les perspectives un peu étranges. Il s'inspire de la littérature humaniste, fait place à l'architecture antique, dont la redécouverte enthousiasme l'élite européenne, bouscule les iconographies traditionnelles, donne du physique, de l'émotion et de la sensualité à ses personnages,en se distanciant de la grâce éthérée qui le caractérisait. La leçon de Rome, que met en valeur l'exposition, c'est la reprise de la confrontation