Aux États-Unis, la révolution numérique et la culture du partage ont apporté suffisamment de changements pour qu’Universal, Warner, Harper Collins ou Sony soient obligés de se remettre en question pendant les cent prochaines années. Autour de ce monde en cours de numérisation gravitent Apple, Amazon et Google, entreprises toutes plus cotées en bourse les unes que les autres. Mi-août, Apple battait des records de capitalisation boursière avec plus de 480 milliards d’euros. Entre 2011 et 2012, celle de Google augmentait de plus de 46 milliards. Façonnant la culture nationale (et internationale) –sa création et sa diffusion légale (ou illégale avec feu Megaupload, le service d’hébergement de fichiers «en un clic»)–, ces visionnaires ont profité des erreurs de l’industrie de production culturelle. Tour d’horizon.
1. La chute de la vieille culture
La musique a été le premier secteur à ne pas avoir su aborder le virage numérique. Le chiffre d'affaires des maisons de disques s'est effondré et, selon leurs patrons, le piratage, avec les échanges de MP3 rendus possibles dès juin 1999 sur les réseaux peer-to-peer comme Napster, était responsable de la chute des ventes. Mais nombre d'experts dont Jean-Louis Missika, adjoint à la mairie de Paris chargé de l'innovation, pensent surtout que les géants de la musique n'ont pas été en mesure de gérer ce passage.
Leur premier réflexe? «La résistance au changement.» Au début des années 2000, après l'industrie du