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Critique

Dalí remis en branle

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Arts . Au centre Pompidou débute aujourd’hui une vaste rétrospective consacrée à l’excentrique artiste catalan. Visite.
Dali et Gala dans son appartement de Paris 1932 par Brassaï (Photo Brassai. Droits d image de Gala et Salvador Dali reserves Fundactio Gala Salavador Dali Figuer)
publié le 20 novembre 2012 à 20h36
(mis à jour le 21 novembre 2012 à 14h40)

Alors, Dalí : da ? Question image, c’est plutôt dada. Question peinture, c’est niet. La dernière grande rétrospective française du peintre de science-fiction catalan, successivement ou parallèlement puceau, onaniste, cubiste, surréaliste, anticlérical, catholique, franquiste, royaliste, hippiste, traître à tout sauf à lui-même et à son paysage d’enfance, exclusivement daliste en tenue de Gala, sa sinistre et cannibale épouse, eut lieu de son vivant au centre Pompidou, en 1979 : record de fréquentations. Il meurt dix ans plus tard dans la sueur d’un gâtisme glorieux.

Pourtant, beaucoup disent aujourd'hui : Quoi ? Encore Dalí ? Comme si sa silhouette de clown et ses toiles baignant dans l'huile n'avaient jamais quitté la scène ni les cimaises. L'expo conçue sous la direction de Jean-Hubert Martin - deux grandes salles vastes et joyeuses dont le U encadre deux salons carmin voués au théâtre et au cinéma, genre faux diamants sur canapés - est scénographiée avec une fantaisie précise. Elle permet de faire le point sur tout Dalí : le dessinateur (excellent), le peintre (vite médiocre et producteur de croûtes en série), l'homme de films et d'images (al dente), le personnage enfin, ce marqueur d'une époque tout en overstatement, d'un baroque aussi catholique et surexcité que celui de Warhol, l'autre grand performer pop d'après-guerre, est protestant et refroidi : Velazquez simili-gominé versus fétiche arumbaya peroxydé.

De l’œuf avec du vieux

L'enfance, il faut s'en débarrasser. Dalí s'en embarrass