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Critique

Sens pour cent photos

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Exposition . A Paris, la Bibliothèque François-Mitterrand a puisé dans son fonds 100 chefs-d’œuvre, tous styles et époques confondus, valorisés par une scénographie astucieuse.
publié le 2 décembre 2012 à 19h41
(mis à jour le 3 décembre 2012 à 11h44)

Les expositions célèbrent plus souvent un photographe que la photographie. Question de moyens : il faut disposer d’une riche collection pour porter un regard transversal, sinon historique, sur cette discipline. Et question d’appréciation : qu’est-ce qu’un chef-d’œuvre ? Bien sûr, on connaît les incunables et les clichés célèbres, mais souvent leur intérêt est d’abord technique ou documentaire. Un vrai chef-d’œuvre, lui, quelles qualités doit-il avoir ?

La BNF répond à sa manière, fort plaisante, en extrayant de sa collection - la plus vaste de France avec plus de 5 millions de tirages de toutes les époques - une centaine d’images dont beaucoup sont inattendues (1). Et en les présentant le long d’un parcours, non pas chronologique, mais structuré par le langage de l’image. Ainsi une fameuse photo de Cartier-Bresson de 1933, saisissant un enfant en train de jouer, yeux fermés et bras écartés, blanc sur fond noir, voisine-t-elle avec une radiographie d’un oiseau faite en 1895, où l’on voit l’animal, ailes écartées, noir sur fond blanc. Les appariements peuvent être plus abstraits.

Océan. Pas besoin toutefois de repérer chacun de ces clins d'œil pour goûter la balade : plus qu'une histoire de la photo, c'est une histoire du regard qui nous est proposée. Après tout, la photographie, c'est d'abord un choc de perception entre celui qui montre et celui qui regarde. Prenez par exemple la plus ancienne image exposée ici, qui est une feuille de vigne captée en 1839 avec