C’est un visage méconnu de Strasbourg que révèle le festival Ososphère, celui d’une ville industrielle et portuaire, aux antipodes de son pittoresque marché de Noël aux 2 millions de visiteurs, de sa cathédrale et de ses colombages éclairés par des dizaines de kilomètres de guirlandes. Le festival nomade dédié à la musique et aux arts numériques invite cette année encore à faire un pas de côté, en se frottant au paysage rugueux du Port du Rhin. A l’horizon gris neigeux, bordant une splendide darse, se profilent les grues du terminal conteneurs et les Grands Moulins de Strasbourg. En face de la malterie, nappée d’épaisses fumées, le site de la Coop que l’Ososphère «habite» jusqu’à dimanche.
Bien que peu éloigné du centre, le quartier reste à l'écart, relié à la ville par une seule ligne de bus. «Les gens ne passent pas le pont. La ville tourne le dos à ce qui est pourtant le deuxième port fluvial français, déplore Thierry Danet, directeur du festival.Nous souhaitons faire découvrir ce site magnifique qui mérite d'être conservé.»
Logée dans une demi-lune, la Coop aligne une jolie collection de bâtiments industriels, entrepôts, ateliers, cuveries. La coopérative de consommation, avec son enseigne centenaire familière à tout Alsacien, est en train d'abandonner le site périclitant, fondé en 1911 autour d'une boulangerie, dont survit la cheminée de briques rouges. Plombé par les dettes et la récente incarcération de son ex-PDG soupçonné d'avoir détourné près de 1,4