Avec «Bohèmes», en place depuis le début de l'automne, le Grand Palais s'offre deux expositions en une - les Tsiganes et la vie de bohème -, mais en omet une troisième en décidant de ne pas aborder les Roms aujourd'hui. Il faut toutefois saluer les mérites d'un conservateur de 45 ans, Sylvain Amic, dont c'est le premier essai du genre en solo. Ainsi que l'option d'une thématique, toujours plus excitante que ces rétrospectives dont on est abreuvé. Un choix casse-cou. «Bohème» ou «Bohémien» font écho à des sons différents, à peine reliés par un filet sémantique : le peuple éparpillé des Tsiganes, une principauté allemande qui s'est distinguée en leur accordant des sauf-conduits au XVe siècle et, pour finir, des marginaux de toutes sortes. Vagabonds, rapins, anars, artistes défiant la société… et encore, dans cette vaste famille, pourrait-on trouver des branches bien distinctes suivant les époques…
Exaltée. Au Grand Palais, la route commence par les Tsiganes attrapés dans les yeux des artistes. La sélection est belle, de Vinci à Manet, en passant par les eaux-fortes au XVIIe de Jacques Callot, exprimant la sympathie pour ces «gueux de bonaventure». Depuis le Moyen Age, on les appelle aussi «Egyptiens», on s'en méfie pour leurs larcins, on les admire pour leur liberté. La fascination des romantiques pour l'Orient renforce d'un coup cette attraction. Au Salon de 1839, le baron de Steuben expose Esmeralda en délicate victime