Also sprach Allah… Adel Abdessemed a fait une descente au centre Pompidou. De la rue, on voit ses bagnoles carbonisées ; sur la piazza, le coup de boule de Zidane. Une image choc renvoyant à un choc d'images.
Grand angoissé de 41 ans, Adel Abdessemed a une œuvre suffisamment riche pour justifier un premier bilan. On ne peut pas dire que les cimaises soient encombrées d’explications sur le personnage et son œuvre, si bien que c’est au visiteur de se débrouiller pour saisir les références, visibles ou cachées.
Gamin kabyle de Batna, yeux plissés et sourire désarmant, personnage très attachant avec sa part sombre, Adel a gardé le souvenir de la destruction de l’église du village, de l’imposition de la langue arabe, de la découverte d’Hugo et, en cachette, de Nietzsche…
«Férocité». Arrivé à l'Ecole des beaux-arts d'Alger, il a contredit les programmes, traversé la guerre civile, serré dans les bras celui qui mourait. Après l'assassinat du directeur des Beaux-Arts et de son fils, avec l'aide des pères missionnaires, il a pu se réfugier à Lyon, où il a rencontré Julie, sa grâce. Ils en sont repartis, pour Paris, Berlin, New York, et ce n'est pas fini, mais quand même… Il y a maintenant quatre petites filles, égayées dans l'appartement du quartier Saint-Martin. Poussé par le manitou du marché Marc Blondeau, reconnu comme un grand de sa génération, il dit s'être «construit dans la férocité».
«Je suis innocent», proclame Abdel Abdessemed à l'en