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Critique

La brèche Dürer

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Arts. A Paris, l’Ecole nationale des beaux-arts met en lumière les dessins du peintre allemand et de ses contemporains germaniques, plongés au cœur des troubles de la Réforme.
«Nessus et Déjanire», une oeuvre marquée par le voyage de son auteur en Italie, dans les pas d'Andrea Mantegna. (ENSBA)
publié le 3 janvier 2013 à 21h06

Les expositions de dessins et d'estampes ne sont pas légion, et généralement elles se consacrent plutôt aux écoles italienne, hollandaise et française. Il est ainsi très rare de pouvoir admirer un ensemble aussi étendu du dessin allemand (lequel, par coïncidence, est aussi présent dans l'exposition sur la Renaissance montée par le Louvre dans sa nouvelle antenne de Lens).

Avec ce choix d’une centaine de feuilles, la conservatrice Emmanuelle Brugerolles tire profit, dans l’exposition «Dürer et son temps», de la richesse méconnue de cette période dans la collection de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts.

Schismes. Le noyau a été formé par le collectionneur Jean Masson en 1925, rejoignant d'autres donateurs comme Alfred Armand et Jacques-Edouard Gatteaux (dont les estampes sont parfois reconnaissables à leurs bords brunis par l'incendie de sa maison, en 1871). Dans la foison de publications de plus en plus négligentes qui accompagnent les expositions, le catalogue est un modèle du genre, consacrant un travail scientifique de plusieurs années.

Du XVIe siècle au milieu du XVIIe, l'exposition enserre les décennies convulsives de cet ensemble disparate qui s'appela Saint Empire romain germanique, dont Voltaire disait avec raison qu'il n'était ni saint ni empire, certainement pas romain, et seulement partiellement germanique. C'est la grande période de l'ascension d'une bourgeoisie marchan