Le grand poète palestinien Mahmoud Darwich confiait avoir pris «le parti de Troie, car Troie est la victime». Il notait aussi qu'il ne connaissait pas «de grande poésie qui soit fille de la victoire». Ces mots ont une étrange résonance au regard de la situation en Syrie sous la botte de Bachar al-Assad. Car, même si les forces obscures sont déjà en embuscade, si des partis islamistes qui promettent d'être terribles progressent chaque jour un peu plus sur le terrain grâce à leur ardeur au combat, il demeure que «le parti de Troie», c'est bien aujourd'hui le peuple syrien écartelé entre quatre points cardinaux que sont l'exil, la prison, la mort sous les bombes ou la torture, et la soumission. Et que la poésie, et, bien sûr, l'art en général, ne sauraient être fille et fils de la tyrannie.
«Miroir». C'est pour rappeler cette réalité élémentaire que 61 artistes originaires du monde arabe ou de la diaspora ont décidé de ne pas seulement regarder une guerre qui a probablement fait plus de 100 000 morts. Et, en conséquence, de faire don d'une œuvre - photo, peinture et vidéo -, exposée à Paris pendant quatre jours à l'Institut du monde arabe, puis vendue aux enchères au profit des victimes civiles de la répression en Syrie (1). Deux partis pris guident cette exposition. Le premier est d'illustrer la solidarité des sociétés civiles et des artistes de la région que l'on a peu entendus sur le conflit syrien.
Un silence d’autant plus terrible