Pur produit de Mai 68, qui l’a attiré à Paris avec Roland Topor, Bernhard Willem Holtrop, dit Willem, sacré grand prix du festival de la BD d’Angoulême pour l’ensemble de son œuvre, en a vu bien d’autres.
Français d'adoption, désormais replié en Bretagne après quelques décennies bohèmes entre Montrouge et la chaude rue Germain-Pilon (Paris XVIIIe), ce Hollandais planant à la dégaine lunaire, tenant du Geppetto à lunettes et du Tati moustachu, a vécu les années babafreak de la commune AAA ou de la péniche en rut du Wet Dream Festival.
Saboteur. Humaniste à l'ancienne, vétéran «provo» (bousculé par la justice batave pour avoir «lancé un peu des cailloux aux cars de police et à Beatrix pendant son mariage» ou croqué la reine Juliana en pute), saboteur en chaussons, ce graphiste politologue chartiste inclassable, dandy scatophile, étranger à toute mondanité, monomaniaque du trait sans règle, ne vivant que pour et par le dessin, doit la vie à la bande du Square de la grande époque Choron (Hara-Kiri, Charlie), et à Libération, qui lui a donné sa deuxième vie vers 1981.
Dessinateur en chambre mais aussi en Haddock-Tournesol reporter arpentant la Russie de la perestroïka ou plongeant avec délectation chaque année en juillet dans le chaudron d'Avignon. Sur le pont de bonne heure pour envoyer sa planche avant de se muer en forçat du off, Willem traçait sa route entre mimes japonais, bonnes sœurs barbues, accordéonistes abos, avec pou