Ce qui est bien avec la ligne, c’est qu’on en voit partout et qu’il n’y en a nulle part. Lignes de la main, du visage, de démarcation, téléphonique, de force… La ligne est la première œuvre conceptuelle de l’histoire de l’art : elle est avant tout une idée, dont la réalisation importe assez peu. Pas besoin de tracer une ligne pour savoir qu’elle existe, par exemple dans le cas des frontières ou des latitudes. On peut toujours imaginer une ligne quels que soient les points qu’on nous propose. Il y en a une chaque fois qu’on décide de voir du continu là où il n’y a que du discontinu.
Paupière. Côté geste, sa réussite est un mini-triomphe chez le gosse apprenti dessinateur. Après avoir frappé le papier à coups de stylo anarchiques, l'enfant s'entraîne à fabriquer des lignes ininterrompues, sans lever la main, ni déraper. Joie du marquage, de la bordure, avec une question assez vite angoissante : la ligne doit-elle faire comme si elle continuait en dehors du papier ou bien respecter le cadre ?
On devrait donc pouvoir mettre sous le terme de «ligne» tout ce qui est dessin. En réalité, l'exposition de Pompidou-Metz «Une brève histoire des lignes», si elle puise dans le cabinet d'art graphique du musée national d'Art moderne, se concentre plutôt sur les raisons et les fins pour lesquelles nous en imaginons. Elle emprunte son titre et quelques idées au livre de l'anthropologue anglais Tim Ingold, paru chez Zones sensibles en 2011. De «La geste che