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Critique

Manet, têtes chercheuses

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Arts. A Londres, première grande exposition axée sur les portraits du peintre.
publié le 15 février 2013 à 19h46

Les queues sont longues devant la Royal Academy of Arts, et les salles sont bondées. Rien d’étonnant, puisque s’y tient la première grande exposition Manet, sous-titrée «The quintessential painter of modernity», jamais organisée au Royaume-Uni. Ce qui l’est plus, c’est la vision singulière de l’œuvre que donne la soixantaine de tableaux et pastels réunis à Londres.

L’exposition, entièrement consacrée aux portraits, n’a pas l’ampleur de la rétrospective organisée en 2011 à Orsay («Manet, inventeur du moderne»). C’est Manet regardé par le trou de serrure, et dans le désordre, puisque l’exposition est organisée en salles thématiques : le cercle familial, le cercle artistique, les modèles, etc. La présentation est très fragmentaire, mélange de chefs-d’œuvre et d’esquisses incluant beaucoup de toiles que l’artiste n’avait pas jugé opportun d’exposer de son vivant. Un charme particulier s’en dégage pourtant : le parcours est semé de coq-à-l’âne qui mettent en relief le caractère constamment expérimental de la peinture d’Edouard Manet (1832-1883).

Uppercut. Ainsi aime-t-on voir presque côte à côte quatre portraits de Berthe Morisot réalisés en l'espace de quatre ou cinq ans, car ils semblent ne pas être issus des mêmes pinceaux. Berthe, somptueuse avec son bouquet de violettes (1872, ci-contre), charme noir surgissant d'un fond pâle : une toile vive, fraîche et bien connue. Berthe en deuil (1874), flaque de détresse juste esquissée sur