Menu
Libération

Artistes haut de came

Article réservé aux abonnés
Les œuvres littéraires et musicales changent-elles de sens quand le public (ou le créateur) est stone ?
publié le 20 février 2013 à 20h16

Depuis les fameuses expériences menées dans les années 60 par le pharmacologue suisse Peter Witt, on sait que l'araignée sous psychotropes tisse des toiles très inefficaces en tant que pièges à insectes, mais tout à fait remarquables en tant qu'œuvres plastiques (1). Les travaux pratiques et théoriques sur la création dans des états de conscience altérés sont nombreux et divers. Cet hiver encore, la maison de Victor Hugo de la place des Vosges, à Paris, montrait des dessins et sculptures réalisées en état de transe médiumnique.

Le neurologue suisse Julien Bogousslavsky s'est penché sur l'incidence des troubles neurologiques sur la création, y consacrant deux tomes relativement épais (Neurological Disorders in Famous Artists, aux éditions Karger). Ce spécialiste des accidents vasculaires cérébraux a également produit des études dont le titre résume parfaitement la nature : Visconti et Fellini : du néoréalisme social de gauche à l'attaque cérébrale de l'hémisphère droit, ou encore l'Aphasie de Baudelaire : de la poésie à l'injure. Car, outre une hémiplégie droite et une sévère aphasie, l'attaque cérébrale hémisphérique gauche dont a souffert le poète s'est traduite par la répétition en boucle de ce seul mot : «Crénom !» Enfin, il suffit de fréquenter - même distraitement - la halle Saint-Pierre, résidence permanente de l'art brut à Paris, pou