«On en prend plein la vue», murmure Alexandra, plantée devant Disques de Newton, étude pour fugues à deux couleurs, 1911-1912 de Frantisek Kupka. «C'est la vie dans les quartiers», s'extasie Tako devant l'installation lumineuse tout en tubes fluorescents de Dan Flavin. Antoinette, une Sénégalaise sans papiers, a préféré le Soto, Carrés olive et noir, sur bois et métal. Et pour Yvette, 71 ans, «c'est chauffé, en plus». C'était la première visite du centre Pompidou mobile organisée la semaine dernière par le centre social du Pré fleuri.
Laboratoire. Pour sa cinquième ville d'accueil, le petit musée itinérant a installé son chapiteau pour trois mois sur les hauteurs du Havre, avec dix-sept œuvres signées Albers, Buren, Duchamp, Kandinsky, Léger, Morellet ou Vasarely, exposées au milieu de HLM, dans un quartier de 18 000 habitants vivant, à près de 70%, dans des logements sociaux. «C'est la première fois que le Pompidou mobile s'installe en périphérie d'une grande agglomération», se réjouit Alain Seban, directeur du centre Pompidou et initiateur de l'opération.
De quoi tester le principe : ouvrir la création «au public peu familier des institutions». Décentraliser la culture et démocratiser l'art contemporain : tel est le but du musée itinérant. A son arrivée à la tête du centre, en 2007, Seban constate : «Un Français sur deux n'a jamais été au musée.» Il veut aus