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Rijksmuseum : agencement tous risques

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Musée. Uniformité architecturale, présentation nébuleuse des œuvres : la réouverture de l’établissement hollandais surprend.
«La Ronde de nuit» de Rembrandt, au Rijksmuseum. (Photo Michael Kooren. Reuters)
publié le 8 avril 2013 à 21h26
(mis à jour le 9 avril 2013 à 10h46)

Dix ans pour cela… La découverte en avant-première des nouvelles installations du Rijksmuseum («le musée d’Etat»), qui va rouvrir en fin de semaine à Amsterdam après une attente due à une rénovation interminable, n’est sans doute pas à la mesure de la joie escomptée pour cette résurrection de la plus riche collection hollandaise au monde.

Défaite. Samedi, annoncée par douze fanfares venues de toutes les provinces, la reine Béatrix foulera un tapis orange pour inaugurer les lieux. Elle y consacre la dernière sortie officielle de son règne. Agée de 75 ans, elle abdique à la fin du mois pour passer la couronne au prince. La souveraine effacera ainsi l'affront laissé par son arrière-grand-père : «Je ne mettrai pas les pieds dans ce couvent», avait lancé Guillaume III pour justifier son refus catégorique d'inaugurer le bâtiment, le 13 juillet 1885. Farouche protestant, il avait très mal vu les références au gothique signées de l'architecte Pierre Cuypers, émule de Viollet-le-Duc, catholique pratiquant, qui est aussi l'auteur de la gare centrale.

Le fonds a été formé autour du noyau des collections princières, récupérées par la République batave, née en 1795 avec l’appui des troupes françaises, qui ont largement prélevé leur dû. Cette bâtisse en briques fut édifiée à l’endroit d’une porte de la ville par les souverains revenus sur le trône. Cuypers fit appel aupeintre Georg Sturm pour décorer les intérieurs d’un éloge des corporations.