Son prénom, Wou-ki, signifiait «illimité». Ses toiles s'adjugeaient de 1 à 2 millions de dollars, on l'aimait pour des raisons cosmiques (nuages, eau) et exotiques (l'Orient rencontre l'Occident). Il déclarait à Libération en 1993 : «Sincèrement, je ne sais pas ce que je fais. Je peins ce que j'ai envie de peindre et petit à petit quelque chose arrive, qui est souvent raté. Alors on recommence, on continue. C'est aussi bête que ça. Je barbouille, quoi. Avec l'envie d'exprimer le plus de choses possibles avec le maximum de simplicité. Jusqu'à maintenant, je n'y suis pas encore parvenu.»
«Rythmes». Si l'on regarde aujourd'hui les tableaux de Zao Wou-ki à l'aune de l'Internet, alignés sur une page de recherche Google, c'est-à-dire de loin, en mal, on voit des corps. Des déchirures d'origine du monde, des paysages érotiques. Principe de Rorschach. Lui convoitait le «souffle», la «respiration» comme un «vide vécu». Il était un des derniers grands «modernes» au sens historique, sous influence Cézanne, Klee, Matisse, peinture qu'il définissait canoniquement ainsi : «Ce n'est pas la façon de peindre qui importe, c'est la façon de voir.» Zao Wou-ki, c'est aussi, presque malgré lui, une approche métaphysique et littéraire de la peinture orientale qui, de Victor Segalen à Henri Michaux, nourrit la littérature française. Ainsi Henri Michaux est-il l'auteur de plusieurs textes sur Zao, dont cette i