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Libération

L’hurluberlu du bout du monde

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En Australie, David Walsh est une célébrité. Richissime grâce au black jack et aux courses de chevaux, il a construit un gigantesque musée souterrain où il expose une collection d’art contemporain dédiée au sexe et à la mort. Rencontre en Tasmanie avec un extraterrestre.
publié le 16 avril 2013 à 15h08
(mis à jour le 16 avril 2013 à 15h08)

La pupille est dilatée et la voix éraillée, restes de la sauterie de la veille. Multi millionnaire ou pas, David Walsh passe toutes ses nuits dehors comme un ado enfin seul avec les copains. Le Mofo, festival de musique qui mêle têtes d’affiche (David Byrne, PJ Harvey, Grandmaster Flash) et nouveaux venus (Death Grips, Benjamin Skepper) bat son plein à Hobart et laisse des séquelles sur les amateurs. Paris est à dix-sept mille kilomètres, c’est l’été en Tasmanie et David Walsh, 51 ans, a enfilé une veste de costard, un tee-shirt à message sur lequel une poule pense à une autre poule.

Cheveux grisonnants, lunettes teintées, il apparaît sorti de nulle part, à l’entrée du Mona (Museum of Old and New Art), son musée gigantesque dédié au sexe et à la mort. On suit le propriétaire dans son loft voisin abandonné au chat de la maison. Sur le sol du salon, une ouverture vitrée permet d’observer les visiteurs déambuler dans les quelque 6 000 m2 de galeries. Ainsi vit David Walsh, à deux pas de ses sarcophages égyptiens datant de six cents ans avant Jésus-Christ, d’un Anselm Kiefer monumental, de ce mur décoré de quatre cents vagins (signé Jamie McCartney) et de la vie de Boltanski filmée 24 heures sur 24 et achetée en viager (lire l’encadré).

Sa collection est estimée à 78 millions d’euros, le musée en a coûté 58. Forteresse souterraine construite dans le grès au bord d’une rivière, l’établissement entièrement privé se joue des conventions du milieu de l’art contemporain faussement perm